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9 avril 2012

# J'oublie _;

 

 

 

 

     Quelques lignes noires pour immortaliser certains moments. Quelques lignes noires, au cas où rien ne redeviendrait plus jamais comme avant.

     Il me regarde et je souris. Et inversement. Il me serre dans ses bras et tout me revient. Ces murs ne sont plus les symboles de mes larmes. Ce sol n’est plus témoin de ma chute. Cet air n’est plus le dernier que j’ai respiré en étant heureuse et le premier en étant malheureuse. A présent tout ça sonne comme une renaissance. Je le retrouve.

     Je ne me souviens plus de ce qu’on avait avant, mais je sais que c’était génial. Encore cette putain de mémoire qui me joue des tours, qui me supplie de ne pas chercher à me rappeler, pour ne plus souffrir, pour ne plus le haïr. C’est peine perdu. Une partie de moi le hait autant que je l’aime elle. Mais je ne me souviens plus. J’essaie de me remémorer ce qui s’est passé, mais chaque fois que j’approche de mon but les larmes montent. Et cette fois ci aussi.

     Je me souviens de ses bras. Je me souviens qu’il m’a déjà serré contre lui. Et je me souviens de cette envie de lui dire «  serre moi jusqu’à m’en broyer les os. Serre moi jusqu’à me faire penser que pendant quelques secondes je suis à toi. » Cette fois encore, je ne dirais rien. Il est peut-être un peu tôt. C’est peut-être un peu faux. Il ne le ferait probablement pas. Je le hurle intérieurement, le serre dans mes bras. Il est bien là, je ne rêve pas.

     Je m’éloigne. Je souris. Je me sens bien. Je me sens moi. Comme si j’avais retrouvé une partie de moi qui m’avait été ôté. Je pense à elle pendant une fraction de seconde, et je n’essaie pas de me souvenir. Si je le fais je penserais à son sourire, si je le fais je voudrais a nouveau mourir.

     Oublier. Avancer. Profiter.

     Il est là. Et cette fois je ne le laisserais plus filer.

     Je m’assois près de lui. Je le regarde, et il sourit. Qu’est-ce que c’est bon de pouvoir être réuni ! On parle, on rit, et puis j’oublie. On joue. On se chatouille. Et ça me revient. On avait déjà fait ça une fois. Et j’aime ça. J’aime que ça l’embête. J’aime le voir se tordre sous mes doigts. J’aime le faire rire. J’aime qu’il me regarde comme ça. Pourquoi ? Parce que ça me revient. Parce que je me rappelle qu’il était une partie de moi. Parce que je me dis que je peux enfin retrouver tout ça. Je suis heureuse d’être là. Heureuse d’être près de lui. Heureuse de le retrouver.

     Je perds tout ce qui m’a maintenu en vie. Et je pleure en me rappelant ce que j’ai dû sacrifier pour lui. Mais il me regarde et je souris. Je le regarde et il sourit. Et puis j’oublie.

     Il dit que je le provoque. Je fais l’indignée. Dans le fond ca a toujours été mon jeu préféré, tellement que ça s’est fondu en moi et que je ne le vois pas. Est-ce que j’ai fait exprès de me retrouver à califourchon sur lui dans le but de le provoquer ? Non. Mais si le jeu ne lui déplait pas, alors je veux bien jouer.  Chaque geste qu’il me donnera dans un simple jeu de séduction pour lui, je ferais la sotte, je m’imaginerais qu’il en avait envie autant que j’en avais envie.

     Il m’embrasse et j’oublie. J’oublie les sacrifices. J’oublie ou je suis. J’oublie ce que j’ai oublié. Pourquoi ? Parce que je le veux, parce que je me l’impose. Je suis avec quelqu’un qui ne me fera jamais de mal, alors oui, je veux oublier, même si parfois, c’est compliqué.  J’oublie parce que je l’ai décidé. J’oublie parce que j’en ai le pouvoir. J’oublie parce que je retrouve un peu d’espoir.

     Il regrette, et j’aimerais lui demandé, révoltée, pourquoi, mais je ne dis rien, je souris, je le charrie, et on s’en va.

     Nous ne sommes plus seuls et pourtant je le dévore du regard. Pourquoi ? Parce que j’essaie de ne pas oublier ce que c’est d’être seule avec lui. C’est pour ça que je suis là. Je regarde chaque parcelle de ce qu’il est. J’écoute chaque son qui sort de ses lèvres. Et je ne dis rien. J’ai juste envie de lui dire « retournons la bas. Profitons du temps qu’on a. Juste toi et moi…». Mais je ne dis rien, et je me souviens.

     Je suis au même endroit qu’il y a un an. Il est au même endroit qu’il y a un an. Mais elle n’est pas là. J’arrête de sourire. Mon portable dans ma main, j’ai peur qu’il vibre, comme il y a un an quand tout a été détruit. J’ai peur de revoir ce même message s’afficher. J’ai peur de pleurer.  Mais il sourit. Je cherche des différences et c’est tout ce qui a changer, il sourit, alors moi aussi, parce que cette fois, il n’y a plus rien à gâcher.

     La soirée passe, et tout dans mon regard l’implore de nous isoler. C’est seul avec lui que je veux être, pour pouvoir être moi, pour pouvoir être nous. Nous attendons la nuit. Et nous partons dans l’endroit de tous les péchés.

     Je ferme la porte. Je veux lui sauter au cou. Je veux qu’il me serre contre lui. Je veux qu’il me promette que ça n’arrivera plus jamais. Je veux qu’il me promette qu’il ne me fera plus jamais de mal. Je veux qu’il me promette qu’il sera toujours là. Je veux qu’il me promettre qu’il tient encore à moi. Je veux qu’il me promettre qu’on ne laissera plus jamais personne nous séparer. Je veux qu’il me promettre qu’il serait capable de se battre. Je veux qu’il me dise que ce n’est pas un rêve.

     Je l’ai fait.

     J’ai tout laissé tomber pour lui.

     J’ai réussi.

    Je veux qu’il me promette que ça en vaut la peine.

    Je ne fais rien, et lui non plus. On se couche chacun de notre côté. Pas pour très longtemps. Blottie dans ses bras, j’oublie. J’oublie mes espérances, mais j’oublie l’empreinte que ces lieux ont laissée dans ma mémoire.

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