# C'est la merde_;

Il est 7h, ca va faire 48heure que je suis ici. Je n'ai jamais passé autant de temps dans cette endroit consciente. Mes jambes me demangent, j'ai besoin de liberté, mais la douleur est de plus en plus forte et me paralyse par moment. Je suis nourrie par mon bras, je deviens incapable d'avaler quoi que ce soit, et je garde cette sensation que ce qui est censé me permettre de me maintenir en vie me tuera. J'ai de moins en moins de force, et ils sont la a se pavaner en me disant que c'est 'normal'. On m'empeche de dormir, ou plutot, on me reveille toutes les deux heures pour une raison ou pour une autre. J'ai comme compagnon de chambre un gamin tres sympa de 13ans. On a passé la journee entre examen et jeux videos. Je crois que sur ce point la, j'ai de la chance. Il s'appelle Sofian, comme le fils de mon croque-mitaine, ca me fait rire, et quelque part ca me terrifie et reveille de vieux cauchemars. Il est la depuis 3 mois presque et on s'amuse a parier sur celui qui s'en sortira avant l'autre, on fait des paris sur nos analyses, sur celui qui passera au bloc en premier (j'ai pas oser lui dire que c'etait cette semaine pour moi, il attend depuis si longtemps), on fait des blagues pourries sur nos maladies, mais on aime bien. Ses parents ne m'aiment pas, trop cynique, mais leur fils est pareil alors evidement, hors de question pour ce petit de quitter cette chambre. Je l'aime bien.  

On vient de me reveiller, Sofian dort encore, le veinard. Moi on me reveille pour la 4eme fois depuis 00h pour me prendre du sang cette fois ci. Quand ce n'est pas mon corps qui le rejete c'est eux qui me le vole, tout ca pour des analyses de merde qui ne changent que rarement et quand elles le font c'est pour me rapprocher du gouffre. Je suis assez sereine, mais assez irritée par mon incapacité a dormir. Des que je m'endors on me reveille, alors c'est une nouvelle bataille pour a nouveau trouver le sommeil. J'evite de penser par peur de ce que ca entrainerait, alors je me butte aux series qui m'empechent de penser, tout ce qui se veut drole. Malcolm. Scrubs. Ma famille d'abord (ca c'est le choix de Sofian honnetement). Je suis en train de tout finir et je me demande juste ce que je regarderais ensuite. C'est chiant, meme pendant ce peu de temps de reflexion j'ai l'impression de sombrer, de penser a des choses que je devrais oublier. Apres tout, j'ai plus a me prendre la tete pour l'instant.

L'infirmier venu me prendre encore du sang vient de m'annoncer que ca serait pas pour aujourd'hui, je n'ai pas repris assez de poid alors le medecin veut continuer d'esperer que ca arrivera avant que mon etat empire pour eviter les complications. Ce qu'ils ne savent pas c'est que tout ce qu'ils me donnent a manger, c'est le petit qui les mange. Lui il a le droit a des trucs qu'il aime pas, moi je suis choiller par un medecin trop attaché qui me pousse a manger des trucs gras. En tout cas, Sofian adore ca.

Je commence a me demander si mon mental n'empire pas cette absence de faim. Mais comme depuis quelques jours, j'essaie de rester vide de pensée autant que de sens. 

Les amis de Sofian vont venir cet apres-midi, comme ses parents, qui eux viennent tout les jours, et sa grand-mere qui passe son temps a l'appeller du Maroc. Chaque fois que ca arrive je suis obligée de me concentrer pour ne pas etre aneantie, faudrait peut etre que je pense a prevenir d'autre personnes, peut etre ... Mais si ca ne changeait rien ? Si ca ne m'empechait pas d'etre seule ? Peut etre que c'est pour ca que je prefere que ca reste secret. Je l'ai annoncer a Lily hier, sans lui dire vraiment ce que j'avais, et ca, elle ne le saura probablement pas avant le jour J. De toute maniere, elle est en vacance dans le Chalet du Herisson, pres de la Cascade du Herisson. Ca me fait rire tant d'herisson. Et puis j'oublie

Ma tete se vide a une rapidité peu commune, j'aime ca neanmoins. Jen'ai pas besoin de me prendre la tete pour l'avenir. Je n'ai pas besoin de penser a demain, vu que demain, je serais encore dans cette prison si tout reste comme ca. Je respire fort, avec plus de mal, ca me fait mal, mais on refuse de m'aider. Sofian ca le fait rire, il est malade depuis plus longtemps, plus un cheveux sur la tete a cause de cette leucemie de merde, mais on dirait que c'est moi qui souffre le plus. Peut etre parce que c'est le cas. Il ne sait pas ce que j'ai, j'ai peut-etre minimiser ce que j'avais alors evidement le fait que je ne puisse ni manger, ni respirer longtemps sans avoir envie d'hurler ca l'amuse, et moi aussi. Je prefere ca. 

 Une jolie petite infirmiere vient de me donner ses putains de cachets, qu'elle sait parfaitement que je vais jeter, alors d'ici 10mn elle me rammenera une injection. Hallelujia, mon corps est une passoire. Ils commencent a etre prevenu de mes frasques, c'est peut-etre pour ca qu'on verifie que je suis encore la toute les 30mn precisement. Le blond fait ca plus irregulierement mais les autres sont reglé comme des horloges suisses. Oh, c'est pas la mort si l'apres-midi dernier j'ai arraché tout les tuyaux relié a mon corps pour aller jouer a chat autours de l'hopital avec Sofian ! Mauvaise frequentation ils disent. Peut-etre, mais on ne fait de mal a personne dans le fond. 

 VICTOIRE ! Le sommeil revient ! Esperons que cette fois je pourrais dormir plus de 2h...